Les agriculteurs utilisent peu à peu les insectes auxiliaires, pollinisateurs ou prédateurs, comme alliés de leurs productions agricoles, notamment pour les productions sous serre. Les petites bêtes permettent ainsi de réduire l’utilisation de produits chimiques comme les insecticides et les pesticides. Explication.
Réduire les pesticides, un enjeu majeur pour l’environnement et la santé
La France occupait, en 2016, la 3ème position mondiale pour l’utilisation des pesticides et autres produits chimiques. On comprend la raison qui a poussé à les utiliser dès les années 50, pour nourrir les populations déjà meurtries par la guerre et potentiellement affamées. Mais on sait aujourd’hui les dégâts que cette utilisation génère sur la santé et l’environnement.
S’ils n’y mettent un terme, les agriculteurs scieront la branche sur laquelle ils sont assis. L’utilisation massive de néonicotinoïdes a eu un impact grave, mais pas irrémédiable, sur les populations d’insectes pollinisateurs. Or la pollinisation concerne 70 % de la production de plantes cultivées.
Le glyphosate est reconnu comme potentiellement cancérogène, comme tous les pesticides (cf. rapport INSERM). Or c’est encore l’un des pesticides les plus utilisés par les exploitants agricoles. Son interdiction en France d’ici 3 ans fait largement débat.
Des insectes auxiliaires de l’agriculture, l’alternative aux pesticides
Ils menacent la biodiversité, polluent l’eau, entraînent de graves problèmes de santé publique. Les agriculteurs n’ont plus qu’à remplacer des pesticides par d’autres solutions moins dangereuses. C’est d’ailleurs l’un des objectifs du Grenelle Environnement de 2007.
L’une des solutions les plus en vogue pour protéger les cultures et pas seulement pour les polliniser consiste en l’utilisation d’insectes prédateurs. La bio-protection n’est pas une pratique nouvelle. Nos parents et, avant eux, les Chinois 300 ans avant notre ère, l’utilisaient déjà… Qui n’a jamais entendu dire du bien de la coccinelle qui éradique les pucerons dans les jardins ? La « bête à Bon Dieu »…
La pratique du bio-contrôle est encore peu représentative (environ 5 % de la production agricole). C’est pourquoi elle est inscrite dans la feuille de route du nouveau Ministre de l’Agriculture. Cette solution commence notamment à être utilisée dans les serres bretonnes (production de tomates et fraises) où ses effets bénéfiques sont reconnus. Les tomates sont attaquées par l’aleurode, un insecte capable de pondre plus de cent œufs chaque trois semaines. Les mouches blanches ou les microguêpes, par exemple, constituent des prédateurs reconnus de l’aleuropode.
L’entomologie agricole pour une agriculture raisonnée
La connaissance des insectes auxiliaires se développe à travers l’entomologie agricole, cette science des insectes associés aux productions agricoles. Pour aider les agriculteurs, les élevages d’insectes auxiliaires se multiplient:
- en Finistère, la coopérative des producteurs de tomates a créé sa ferme aux insectes, un espace pédagogique mais aussi des élevages d’insectes pollinisateurs (bourdons) et auxiliaires (encarsia formosa et macroplophus).
- dans l’Ain, l’Insectosphère propose des coccinelles élevées à Saint-Jean le Vieux, mais aussi plusieurs insectes auxiliaires provenant d’élevant en France ou en Allemagne.
- dans la Drôme, une usine d’élevage d’insectes utiles s’est créée en… 1985.
Des initiatives encore trop confidentielles et qui mériteraient de se développer.