En 2018, le niveau des algues vertes s’échouant sur les plages bretonnes paraissait avoir diminué. Mais il semble que 2019 fasse le plein d’algues vertes. Le phénomène s’étend même de la Gironde aux plages normandes.
Les plages bretonnes envahies par les algues vertes
Plusieurs baies sont concernées par l’arrivée des algues vertes, de Concarneau à Saint-Brieuc en passant par la baie de Douarnenez ou l’anse Horn-Guillec. Les marées vertes sont apparues depuis les années 70. Elles suscitent chaque année la révolte des habitants et des associations, qui demandent que des mesures plus drastiques soient prises, les plans « algues vertes » ne produisant pas les effets escomptés.
En 2019, les algues vertes sont apparues sur les côtes bretonnes dès le mois de mai. Elles ont entraîné la fermeture de plusieurs plages, notamment sur la commune d’Hillion et, plus généralement, dans la baie de Saint-Brieuc. Les plans gouvernementaux de lutte contre les algues vertes se succèdent, sans résultat.
En juillet, l’usine de Launay-Lantic s’est vue submergée par les arrivages d’algues vertes. A tel point qu’elle a dû arrêter son activité de valorisation, les voisins dénonçant les odeurs insupportables.
Les algues vertes, une histoire interdite
Les associations Sauvegarde du Trégor et Halte aux marées vertes se battent depuis de nombreuses années contre le phénomène des algues vertes. Elles ont annoncé, pour septembre, l’organisation d’un salon de la bande dessinée sur cette thématique. Cette annonce fait suite à la publication, en juin, d’une BD réalisée par la journaliste Inès Léraud, en lien avec Pierre Van Hove, dessinateur.
La BD s’intitule « Algues vertes, l’histoire interdite ». Elle tente de soulever le couvercle de la marmite puante des algues vertes et de l’hydrogène sulfuré qu’elles produisent. Ce gaz toxique serait à l’origine d’au moins deux décès :
- Jean-René Auffray, un joggeur retrouvé dans une vasière de Hillion en 2016,
- Thierry Morfoisse, décédé pendant un transport d’algues vertes de Binic à Lantic en 2009.
Deux autres pourraient émaner de la même cause, en 1989 et 1999. On compte aussi plusieurs décès d’animaux :
- un cheval sur la plage de Saint-Michel en Grève en 2009 (et son cavalier intoxiqué),
- plus d’une trentaine de sangliers dans l’estuaire du Gouessant en 2011.
L’azote, source de nutriment des algues vertes
Les cours d’eau qui se jettent dans les baies sont chargés de nitrates. Le niveau élevé atteint, voire dépasse les normes (50 mg/l). Cet azote nitrique provient des déjections animales des élevages porcins et bovins et des engrais utilisés en agriculture. Or c’est un nutriment dont les algues vertes se nourrissent.
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Le CEVA (centre d’étude et de valorisation des algues) reconnaît que le niveau des nitrates a nettement diminué dans les cours d’eau. La diminution des nitrates dans les nappes phréatiques est beaucoup plus longue. De son côté, la région Bretagne considère que les agriculteurs font de gros efforts depuis une trentaine d’années. Certains ont tendance, malgré tout, à relâcher leur action.
Ces efforts, entrepris sur la base du volontariat, ont peut-être atteint leurs limites. Pour obtenir des résultats plus rapides, l’association Eau et rivières de Bretagne veut abaisser le plafond d’apport en azote pour les parcelles situées dans les secteurs sensibles. D’autres, plus radicaux, aimeraient que l’on passe du volontariat à la réglementation, assortie de contrôles et de sanctions.