Les études sur le climat et la biodiversité sont rarement rassurantes. Aussi, voici une nouvelle qui apporte une représentation plus optimiste de notre avenir. Selon une étude récente, il serait possible de restaurer les océans, leurs espèces et habitats d’ici à 2050.
Une faune océanique plus résiliente qu’on ne le pense
C’est ce que nous apprend l’étude publiée dans la revue Nature en avril dernier, la faune océanique sous-marine serait plus résiliente qu’il n’y paraissait à prime abord. Cette nouvelle, associée à tous les efforts mis en place pour sa protection, pourrait aboutir à restaurer l’écosystème sous-marin des océans d’ici une trentaine d’années.
L’étude, publiée au printemps 2020, a été conduite pour vérifier l’atteinte de l’objectif des Nations Unies qui, en matière de développement durable, travaillent à une utilisation et une conservation durable des océans, des mers et des ressources marines, qui passe par une restauration des écosystèmes sous-marins dont la société tire avantage.
Les scientifiques ont ainsi surveillé la restauration des espèces et de leurs habitats (mangrove, herbiers, récifs, etc.) dans le cadre des mesures de conservation qui ont été mises en œuvre. Ils en ont déduit que la fonction, la structure et l’abondance de la vie sous-marine pourraient être complètement rétablis d’ici à 2050, à condition d’atténuer sensiblement les pressions majeures.
Des mesures de protection efficaces pour restaurer les océans
L’étude conclut à l’efficacité des mesures de protection qui ont été mises en œuvre depuis déjà plusieurs décennies. Quelques espèces, dont la population était en forte régression, ont vu leur nombre évoluer favorablement :
- loutres de mer : plusieurs milliers de spécimens, contre quelques dizaines en 1980,
- baleines à bosse : 40 000 spécimens, contre quelques centaines en 1968,
- mangrove : 1 500 km² restaurés, après sa destruction lors de la guerre du Vietnam,
- éléphants de mer : 200 000 spécimens, contre une vingtaine en 1880,
- cormorans,
- phoques gris, etc.
La période de confinement qui s’est déroulée dans la majeure partie des pays du monde aura pu contribuer à poursuivre l’effort de préservation, compte tenu d’une moindre pression de la pêche.
Un effort de protection à accentuer
L’objectif de restauration des écosystèmes sous-marins et océaniques n’est pas utopique. Cependant, pour qu’il puisse être atteint d’ici une trentaine d’années, il faudra accentuer les mesures de protection au niveau mondial. Les scientifiques préconisent notamment de protéger la moitié des océans, contre seulement 10 % en 2020.
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A cet effet, les aires marines protégées doivent être développées pour soustraire certaines zones des océans à la pression humaine et permettre ainsi aux espèces de se reconstituer et de se répandre dans les régions voisines.
Les scientifiques estiment par ailleurs que, pour que ces mesures de protection soient efficaces, des efforts doivent être faits pour limiter les bouleversements climatiques.
Restaurer les océans, coûteux mais payant
La restauration des espèces et habitats océaniques a un coût élevé. Pour exemple, la mise en place des mesures de restauration et des aires marines protégées coûterait chaque année 10 à 20 milliards de dollars.
Cependant, les scientifiques considèrent qu’il s’agit d’un investissement rentable. Selon eux, chaque dollar investi dans la restauration des océans rapporterait 10 dollars, si l’on tient compte de tous les avantages tirés d’un océan sauvé. Ils estiment à un million le nombre de nouveaux emplois qui pourraient découler d’une protection de la moitié des océans.
Il faut ajouter que la protection des habitats océaniques contribue à réduire les effets des événements climatiques. Le gain financier se ressentira aussi, à terme, pour les assurances, qui devraient économiser plus de 50 milliards de dollars.
Source : https://www.nature.com/articles/s41586-020-2146-7.epdf