Êtes-vous prêts à adopter le cruelty free ?

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Picture of two adorable lion head rabbit bunnys sitting on isolated background.

Au cœur de l’actualité, la souffrance animale est une préoccupation croissante des consommateurs. Cette tendance se traduit dans le domaine des cosmétiques par le souhait d’éviter ceux testés sur les animaux.

La législation en matière d’expérimentation animale est encore très permissive au niveau mondial, même si quelques pays et l’Union européenne tendent vers une interdiction stricte. En revanche, l’offre de produits de beauté et d’hygiène « cruelty free », c’est-à-dire n’ayant nécessité aucune cruauté envers les animaux dans leur élaboration, est de plus en plus étendue. Nous commençons à avoir le choix…

L’expression « cruelty free » est aujourd’hui concentrée sur le maquillage et les produits d’hygiène ou de puériculture, mais elle s’inscrit dans une tendance plus vaste. Les souffrances infligées aux animaux du fait de nos consommations sont sous les feux des projecteurs, notamment du fait d’associations militantes, très actives sur les réseaux sociaux. Le grand public est progressivement sensibilisé à ces problématiques, précédemment connues d’une petite minorité seulement. Des marques de cosmétiques ont été pionnières dans ce domaine, notamment The Body Shop, qui a initié des campagnes de communication dès 1989. La face cachée de la beauté est aujourd’hui sortie de l’ombre, avec des incidences à la fois sur les réglementations et sur les comportements de consommation.

Une dynamique propice

Soyons justes, aujourd’hui la très grande majorité des Etats autorise les tests sur les animaux. Seuls la Norvège, l’Inde, Israël et l’Union européenne ont adopté des législations les limitant ou les interdisant. D’autres pays comme la Nouvelle-Zélande, l’Argentine, la Turquie ou le Canada les encadrent ou sont engagées dans un processus visant à le faire. En Europe, la Directive proscrivant la vente de cosmétiques testés sur les animaux a été adoptée en 2013, à l’issue d’une longue maturation commencée une dizaine d’années plus tôt : la pratique a d’abord été interdite dans le territoire de l’Union en 2009, mais les importations restaient autorisées. En septembre 2016, la Cour de Justice de l’Union européenne a réaffirmé vigoureusement le principe de la Directive : la commercialisation de produits cosmétiques dont certains ingrédients ont fait l’objet d’expérimentations animales hors de l’UE est prohibée.

Des failles encore nombreuses

Malgré cette dynamique, l’avènement du « cruelty free » pour tous n’est pas encore pour demain. D’abord parce que les interdictions légales sont maillées d’exceptions : le produit fini est concerné mais pas ses ingrédients ou encore -comme en Europe- l’interdiction porte sur les ingrédients purement cosmétiques mais pas sur ceux qui sont utilisés aussi dans d’autres préparations… Et, à rebours de la préoccupation croissante pour le bien-être animal, un Etat, la Chine, impose les essais sur les animaux pour les produits cosmétiques importés, refusant les alternatives. Cette règle place certaines enseignes dans une position intenable : alors qu’elles s’affichent « cruelty free » auprès des consommatrices occidentales, elles produisent des gammes testées sur animaux pour les marchés asiatiques. De même, certaines marques de maquillage qui refusent la cruauté envers les animaux appartiennent à des groupes qui n’ont pas adopté globalement cette démarche. Etant donnés les enjeux financiers du secteur (73,6 milliards d’euros pour la seule Union européenne et la France fait partie des premiers exportateurs mondiaux), le recours aux essais sur les animaux ne peut se réduire que si les marchés de consommation y deviennent majoritairement hostiles.

Adopter le « cruelty free »

Dans ce paysage contrasté, le principal progrès à souligner réside dans l’information des consommateurs : nous disposons aujourd’hui de nombreuses sources fiables pour faire des choix éclairés. Plusieurs labels, de valeur inégale, ont été mis au point ces dernières années pour identifier les produits n’ayant pas occasionné de souffrance animale -certains d’entre eux étant par ailleurs vegans, c’est-à-dire sans aucun ingrédient d’origine animale. Depuis 10 ans, le « lapin bondissant », Leaping Bunny (ou Human Cosmetic Standard HCS) certifie l’absence de tests pour tous les ingrédients et sur tous les marchés mondiaux. Le Cruelty Free de l’association internationale PETA (et son moteur de recherche) se décline en version vegan. Choose Cruelty Free couvre non seulement les cosmétiques, mais également les produits d’hygiène et d’entretien de la maison ainsi que certains médicaments. Il existe aussi un label français (One Voice) et un allemand (IHTK).

Pour l’instant, le nombre de produits certifiés reste limité, mais la palette est largement suffisante pour pouvoir y trouver son bonheur. Et les ONG engagées dans la lutte contre la cruauté envers les animaux œuvrent pour promouvoir les alternatives comme les solutions in vitro, les modèles informatiques ou les essais sur des humains volontaires, tout autant que pour faire connaître le sujet du grand public par des campagnes médiatiques, des pétitions… Ces derniers mois, les pages beauté des magazines féminins ont quasi toutes fait un détour par les marques estampillées « cruelty free » : c’est le signe que le vent tourne.

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