Au printemps 2018, le Sénat a lancé une mission d’information concernant l’essor de l’herboristerie et le développement de l’usage des plantes médicinales. La filière a été entièrement décortiquée, laissant le champ à une quarantaine de propositions. Un avenir se dessine-t-il pour l’herboriste ?
A la recherche de la naturalité
L’herboristerie, qui consiste en la vente de plantes médicinales, est l’ancêtre de la pharmacie, mais elle ne lui a pas survécu, même si près des trois quarts des médicaments proviennent des plantes. Pourtant, huiles essentielles, fleurs de Bach, tisanes et autres compléments fleurissent sur le marché de la beauté et de la santé par les plantes. Ils ne représentent pas moins de 3 milliards d’euros en France.
Un marché aussi dynamique reflète bien les orientations de la population, qui aspire à une vie plus naturelle et opte largement pour l’adage « mieux vaut prévenir que guérir ». Utilisés aussi bien en amont de la médecine traditionnelle qu’en complément, les plantes médicinales offrent des perspectives nouvelles (soin des animaux, par exemple) qui pourraient participer au développement des territoires.
Les différents acteurs de la filière « plantes santé – beauté »
Le rapport du Sénat a porté sur toute la filière des plantes médicinales, depuis la production jusqu’à la distribution, en passant la récolte et la transformation. Il s’est penché sur la réglementation existante (ou pas) et sur l’encadrement nécessaire en termes de contrôles.
La filière est vaste, elle implique aussi bien les producteurs que les professionnels de santé, sans compter le retour du métier d’herboriste, radié en 1941. La production a été incorporée à la filière PPAM (plantes à parfum, plantes aromatiques et plantes médicinales) et couvre environ 53 000 hectares en 2016, soit une augmentation de 40 % en 6 ans.
Si les plantes pour la beauté sont librement distribuées, la distribution des plantes pour soigner ne se fait plus qu’à travers le monopole des pharmacies. Seules 148 végétaux qui, par leur usage alimentaire, bénéficient d’une dérogation par un décret de 2008 et 541 qui, depuis 2014, peuvent entrer dans les compléments alimentaires.
Des préconisations pour l’encadrement de l’herboristerie
Le rapport souhaite qu’une démarche soit lancée pour que les connaissances et savoir-faire ancestraux soient inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Il propose que les territoires ultramarins offrent au sein de leurs facultés des formations d’ethnomédecine et d’ethnopharmacologie.
Compte tenu du potentiel de la filière et des bienfaits des plantes sur la santé, il pourrait être intéressant de structurer et renforcer la visibilité du réseau de production. Ses atouts pourraient être consolidés par la définition d’un objectif de production ambitieux, de l’ordre de 50 % d’ici 2025, à travers des aides à la reconversion et la création d’un label « plantes de France ».
Concernant le cadre réglementaire de l’herboriste, le rapport suggère de créer un cadre spécifique pour les huiles essentielles, actuellement en vente libre (à l’exception de 15 plantes). Il propose également de revoir la liste des plantes médicinales autorisées. La mission estime utile de revoir le cadre des allégations santé, considérant qu’il restreint la nécessaire information du consommateur, tout autant que l’innovation.
La mission ne s’est pas directement prononcée sur l’avenir potentiel de l’herboristerie, considérant qu’il est nécessaire, avant tout, de poursuivre la concertation avec les différents acteurs avant d’imaginer un nouveau cadre légal et des formations ad hoc.