La viande artificielle, une vraie solution au problème de l’élevage ?

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1999

Depuis 2013 et la présentation par des scientifiques Néerlandais du premier steak artificiel le monde envisage une alternative à la viande animale. Jusque-là l’élevage, vu comme grand consommateur d’espace et d’eau, grand émetteur de gaz à effets de serre, et comme à l’origine de la mort de plus de 60 milliards d’animaux en 2016, était la seule façon d’obtenir de la viande. Néanmoins grâce aux progrès scientifiques il serait aujourd’hui possible d’envisager une transition dans un futur plus ou moins proche de cette viande vorace et polluante vers une viande artificielle, plus saine.

L’élevage, une pratique très décriée

Cependant, cette vision de la viande artificielle est un peu caricaturale, et c’est en réalité dû à une vision erronée de la viande qui s’inscrit dans l’élan écologique actuel. Tout d’abord le premier cliché que l’on trouve souvent est que l’élevage monopoliserait d’immenses espaces agricoles, utilisés pour l’élevage lui-même, mais aussi pour la culture des végétaux nécessaires à l’alimentation des animaux. Si cette idée n’est pas complètement fausse, elle est fondée sur des bases tronquées. En effet la majeure partie de la surface agricole utilisée pour l’élevage n’est pas labourable (les prairies par exemple), et est donc inutilisable pour une agriculture «normale».

Une autre idée assez proche est que l’alimentation des animaux d’élevage empiète sur l’alimentation humaine. Cette critique récurrente à l’encontre de l’élevage est elle aussi hors de propos. Ainsi, d’après une étude de l’Inra, 80% de l’alimentation de ces animaux est constituée de produits non consommables par l’homme comme les feuilles ou l’herbe.

De plus un chiffre est très présent, car il choque : 15 000 litres d’eau seraient nécessaires à l’obtention d’un seul kilogramme de viande. Ce chiffre est néanmoins totalement disproportionné puisqu’il ne prend pas en compte l’eau utilisée. Ainsi il ne fait pas la distinction entre l’eau réellement consommée par les animaux et pour l’irrigation des cultures, l’eau utilisée pour dépolluer les effluents et les recycler, et l’eau de pluie. Au final, toujours selon l’Inra, seul 50 litres d’eau sont réellement consommés pour les animaux ou l’irrigation des cultures.

viande articifielle

Le vrai avantage de la viande in vitro

Il serait exagéré de dire que les viandes artificielles n’ont aucun avantage environnemental. Ce type de viande permettrait en théorie une économie d’énergie entre 7% et 45% à terme selon une étude citée par Le Guardian. Il serait aussi à l’origine d’une baisse de 96% des émissions de gaz à effet de serre causées par la production de viande. Enfin l’avantage principal de ce type de production ne nécessiterait que 1% de la surface aujourd’hui consacrée à l’élevage. Cela représente une claire augmentation de l’espace que l’on pourrait consacrer à l’alimentation humaine directe. Un autre argument en faveur de la viande artificielle est la violence subie par les animaux d’élevage, qui vivent et meurent dans des conditions déplorables.

Pionnière dans ce domaine, l’entreprise américaine Memphis Meats se développe. Parmi ses investisseurs, quelques visionnaires : Bill Gates (fondateur de Microsoft), Richard Branson (patron de Virgin) et Jack Welch (ancien PDG de General Motors).

Avec ces avantages pourquoi la viande in vitro n’est-elle pas plus disponible sur le marché?

Cependant, malgré des avantages  qui restent importants la production de viande artificielle à grande échelle rencontre de nombreuses difficultés. En premier lieu le coût de production de ce type de viande est énorme. Par exemple, en 2013 le premier steak artificiel avait coûté 250 000 euros. Aujourd’hui les coûts de production ont considérablement diminués. Néanmoins le prix de commercialisation envisagé pour un steak artificiel reste légèrement supérieur à 8,50 euros, loin au dessus du prix d’un steak basique. Un autre problème auquel se heurtent les partisans des viandes artificielles est le produit en lui-même. Ainsi ces steaks, simples amas de fibres musculaires, sont encore loin de nos steaks habituels, qui contiennent aussi des vaisseaux sanguins et des nerf. Au-delà du seul goût l’acceptabilité du produit elle-même va être mise en cause. En effet il est fortement possible qu’un nombre important de personnes refusent simplement de manger cette « fausse viande ». Enfin la production de viande artificielle fait intervenir des hormones qui sont interdite dans l’élevage.

En conclusion la viande in vitro est loin d’être une alternative parfaite. D’ailleurs rien ne garantit la simple possibilité du scénario selon laquelle la viande in vitro viendrait à remplacer la viande normale. En effet de produire ce type de viande en quantité industrielle ne sera pas possible avant environ une décennie. De plus, rien ne nous garantit que cette solution ne présente pas autant d’inconvénients  que la viande normale. Il existe cependant d’autres alternatives à la consommation de viande. Par exemple la consommation de protéines végétales, ou même d’insectes, se développent aujourd’hui. Enfin il ne faut pas oublier que malgré tous ses défauts la logique d’élevage est présente dans le monde depuis l’époque préhistorique. Ce secteur s’est ainsi imposé comme l’une des bases de notre société. Le supprimer aurait d’importantes conséquences économiques, sociales, culturelles, et environnementales. Le problème de l’élevage est donc un problème qui est encore loin d’être résolus malgré tous les efforts faits dans ce sens.

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