Jolies et fragiles à la fois, les libellules sont surtout observées pour leur délicatesse. Friandes de moustiques et autres insectes, elles constituent un maillon essentiel dans les écosystèmes et participent à notre confort estival. Des Pyrénées à l’Afrique en passant par la Suisse, l’observation des libellules permet de prendre conscience du réchauffement climatique et de son impact sur la biodiversité. Espèces menacées ou en voie de migration : explications.
Libellules en voie de disparition
Selon Jean-Pierre Boudot, co-auteur du Cahier d’identification des libellules de France, Belgique, Luxembourg et Suisse, et ancien chercheur au CNRS, une vingtaine d’espèces de libellules seraient menacées sur les pays recensés, qui en comptent 106 au total. Le principal objet de menace est bel et bien le changement climatique, qui poussent les différentes espèces à migrer au nord de leurs habitats coutumiers.
Le chercheur reste cependant pondéré, précisant que les libellules peuvent tout simplement changement d’habitat. Mais il reconnait que les changements d’habitats sont souvent liés aux variations climatiques.
Parmi les 24 espèces menacées ou quasi-menacées par le réchauffement de la planète et les modifications d’habitats naturels, on peut notamment citer :
- la déesse précieuse ou Nehalennia speciosaI,
- le leste enfant ou Sympecma paedisca,
- le sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum),
- l’agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens).
Les espèces menacées d’Afrique arrivent en France
Les chercheurs, dans la dernière édition de leur ouvrage, ont constaté que plusieurs espèces d’origine plus septentrionales étaient arrivées en France. Ainsi, le scarlet rock glider (Trithemis Kirbyi), observé couramment en Espagne depuis une douzaine d’années, semble avoir passé la barre des Pyrénées pour s’établir en Ardèche et dans l’Aude, lors des périodes caniculaires de 2017 et 2018 et se développe peu à peu plus au nord de la France.
D’autres espèces ont été observées dans le sud de la France alors qu’elles sont originaires d’Afrique :
- Lindenia tetraphylla,
- Orthetrum trinacria,
- Brachythemis impartita,
- Selysiothemis nigra.
On ne peut, à ce stade, qu’observer des spécimens nomades. Toutefois, il n’est pas impossible qu’elles se reproduisent pour vivre durablement dans l’écosystème français.
Cette migration n’a rien d’étonnant dans la mesure où les espèces afro-tropicales, aux couleurs plus claires, s’adaptent mieux aux climats plus chauds. Pour les ectothermes que sont les libellules, la coloration joue un rôle essentiel dans la thermorégulation. On avait déjà observé la migration de nos espèces méditerranéennes vers l’Europe du nord depuis une quinzaine d’années.
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