Être écoresponsable, c’est aussi privilégier les objets fabriqués à partir de produits recyclés. La mode s’y met aussi, en utilisant de la laine recyclée et locale pour la fabrication de ses vêtements. La nouvelle « slow fashion » est en route.
Nouvelle slow fashion versus fast fashion
Des looks qui se démodent, des vêtements qui s’usent trop vite, des produits importés de l’autre bout du monde, la fast fashion contribue largement à la production de gaz à effet de serre. Le transport et la fabrication de textiles en générerait plus d’un milliard de tonnes chaque année, plus que les transports maritimes et aériens réunis (source : « Energy, climate change and environnement : 2016 insights » publié par International Energy Agency).
L’évacuation dans les eaux usées des produits chimiques, souvent toxiques, qui sont utilisés dans la fabrication de vêtements tout comme leur acheminement à travers le monde détruisent l’environnement. Un cinquième de la pollution des eaux dans le monde proviendrait du traitement des tissus et de la teinture appliqués pour les vêtements, selon l’ADEME. Il faudrait, par exemple, l’équivalent en eau de :
- 70 douches pour produire un seul tee-shirt,
- 285 douches pour produire un seul jean.
La mode jetable et les vêtements à usure rapide sont également responsables du rejet dans les eaux usées de 500 000 tonnes de microparticules de plastique (source « Le revers de mon look » publié par l’ADEME en mars 2018). D’ici 2050, l’industrie textile, déjà considérée comme l’une des plus polluantes, pourrait représenter plus d’un quart des émissions de GES.
Une tendance qui peut s’inverser
Certains fabricants essaient cependant de revenir à des pratiques plus naturelles et moins polluantes. Il en est ainsi des uniformes des gardiens du Louvre ou les pulls marines des pompiers. Ceux-ci sont fabriqués avec des fibres recyclées et des laines locales par la Manufacture Regain, basée dans le Tarn. Même chose pour l’Atelier Tuffery, tailleur de jeans français depuis 1892. Son jean en laine de brebis de Lacaune est le premier au monde.
Le retour aux matières locales, comme autrefois, est une pratique de slow fashion de bon sens. La fabrication d’origine française à partir de matière recyclables et recyclées tend à être recherchée par les créateurs de mode pour leurs collections Haute couture. Les Filatures du Parc ont même réussi le pari de fabriquer des textiles recyclés 98 % moins polluants. Selon le fabricant, la qualité est similaire bien que réalisée à partir de vieux vêtements.
Les grandes marques ont bien compris aussi la nécessité de passer à la slow fashion, une mode plus éthique. Certaines utilisent désormais les textiles recyclés. Ils choisissent aussi la laine française (jusqu’ici exportée vers l’Asie à 80 %) pour la fabrication de leurs produits. Un moyen de moins polluer la planète, mais aussi de mieux rétribuer les éleveurs d’ovins locaux.