Les pesticides sont aujourd’hui très contestés et un certain nombre de molécules dangereuses ont été interdites en France. Pourtant, on les retrouve encore dans l’eau du robinet de nombreuses communes. Elise Lucet a enquêté pendant un an pour son émission Cash Investigation et l’on s’aperçoit qu’il reste encore beaucoup à faire.
Le danger des pesticides pour les enfants
1010 et le risque pour une femme enceinte de donner naissance à un enfant autiste est 3 fois plus élevé si elle habite près d’un lieu d’utilisation intensive de chlorpyrifos (Dow). Un cas sur 68 enfants aux Etats-Unis. Mais l’autisme augmente aussi en France de façon importante :
- dans les 3 dernières années, + 33 % d’allocations “autisme” versées,
- depuis 2008, + 45 % de diagnostics “autisme” et + 120 % d’enfants scolarisés avec des troubles autistiques.
Les pesticides sont également à l’origine du développement de cellules anormales susceptibles de se transformer en cancer du sang, qui croît chaque année de 1 %. L’exposition aux pesticides des mamans enceintes et de leur fœtus à certaines molécules comme le chlorpyriphos-éthyl altère aussi le développement du cerveau de l’enfant et entraîne une perte de capacité cognitive.
Cash Investigation a démontré que 44 pesticides interdits ou dangereux pouvaient être retrouvés dans les cheveux de nos enfants. Même si les parents veillent à l’alimentation de leurs enfants, le risque n’est pas écarté.
C’est pas nous, disent les pollueurs !
Ce qui choque évidemment dans ce reportage, c’est de savoir que certains pesticides interdits en France, comme l’atrazine, se retrouvent dans l’eau du robinet. L’émission a publié une carte de l’utilisation des pesticides par département ; les plus « consommateurs » sont la Gironde, la Loire-Atlantique, la Marne et l’Aube, mais d’autres ne sont pas loin derrière : Finistère, Eure-et-Loir, Landes, etc. L’épandage des pesticides à proximité des écoles rend les enfants particulièrement sensibles.
Autre point choquant, bien que pas très surprenant, c’est la façon dont les principaux responsables (Bayer, Syngenta, etc. refusent de reconnaître la dangerosité de leurs produits. Le président de Syngenta France va même, pour le prouver, jusqu’à boire un verre d’eau du robinet reconnue en dépassement d’atrazine, un produit interdit en France. Son argument ? La France et l’Europe ont des normes trop strictes.
En dépit du plan Ecophyto qui impose la diminution de moitié des pesticides utilisés d’ici 2018, leurs ventes continuent d’augmenter chaque année, au point que l’objectif a été reporté à 2025. L’espoir réside dans les études actuellement conduites par l’ANSES, qui pourraient conduire au retrait du marché de nouvelles molécules.