En cette année 2019, le secteur funéraire se met lui aussi à l’écologie. Pierre tombale d’occasion, compost humain ou encore cercueils en carton. Focus sur les dernières innovations du secteur.
Une pierre tombale d’occasion
Les plus férus de développement durable en rêvaient déjà depuis longtemps, la pierre tombale d’occasion arrive enfin en France. Il s’agit là d’une idée toute simple et pourtant c’est une grande innovation dans le domaine funéraire. Plusieurs signaux laissaient présager cette innovation, aujourd’hui considérée par certains comme évidente. La pierre tombale d’occasion a plusieurs avantages. Le premier argument est souvent celui du coût. En effet, les pierres tombales sont chères, parfois très chères, et les prix du secteur funéraire ont tendance à augmenter depuis quelques années. Avec la pierre tombale recyclée, on divise son prix par deux. Second bon point et non des moindres : recycler une pierre tombale, c’est économiser la création d’une nouvelle !
Certains aspects sont néanmoins à prendre en considération avant l’achat. Dans le cas d’un recyclage, les pierres ne sont pas tout de suite disponibles et utilisables. Il faudra d’abord effacer les inscriptions du précédent propriétaire avant de graver celles du nouveau défunt. Ces travaux sont à la charge de l’acquéreur. Second bémol pour certains : on ne se fait pas facilement à l’idée de reprendre la pierre tombale d’un autre défunt. Psychologiquement, cela n’est pas toujours simple à accepter pour les proches de la personne décédée. Il peut falloir du temps pour accepter que cette pierre tombale est bien celle de celui qui nous manque.
Un cercueil en carton
L’expression aurait de quoi faire rire et pourtant, c’est bien ce que proposent aujourd’hui de plus en plus d’entreprises funéraires à l’étranger et quelques-unes en France. Des cercueils biodégradables en carton, en papier mâché, en bambou ou encore en laine périssable. Les idées ne manquent pas ! Derrière ces initiatives, souvent une seule et même idée : « Tu es né poussière et tu redeviendras poussière ». Ce que la Genèse ne nous disait pas, c’est que c’était aussi bon pour l’environnement !
Très en vogue chez nos amis Canadiens, l’urne funéraire bio fait progressivement son chemin en Europe. Cette petite urne est fabriquée à partir de matériaux dégradables comme la noix de coco et la cellulose et permet de faire correspondre à chaque décès une naissance : celle d’un nouvel arbre.
Le principe est très simple. Il suffit de commander une urne avec les graines de votre choix (hêtre, pin, érable…), puis d’insérer les cendres du défunt dans cette urne avant de la planter dans un terrain fertile. La suite ? Laisser la nature faire son travail. En quelques années, les cendres se seront mêlées aux racines et auront donné vie à un bel arbre.
Vers des cimetières 100% écolos
Quand il s’agit d’environnement, l’action des particuliers n’est que rarement suffisante pour faire bouger les choses. C’est donc tout naturellement que les cimetières eux-mêmes prennent le tournant de l’écologie. Ceux-ci sont par exemple de plus en plus nombreux à prohiber l’utilisation de produits chimiques pour l’embaumement des corps afin de ne pas contaminer les sols. En ce sens, la ville de Versailles s’est récemment fait remarquer pour son implication dans la transformation écologique de ses cimetières avec pour objectif affiché « Zéro phyto ». Des dizaines de fleurs sont également plantées chaque année pour établir une certaine biodiversité et s’éloigner de l’aspect parfois « glauque » de certains cimetières. D’autres cimetières français vont encore plus loin dans l’exemplarité comme celui 100% biodégradable de Souché, où même les linceuls et vêtements des défunts sont en fibres naturelles.
Les agences funéraires se mettent également au goût du jour pour répondre à cette nouvelle demande. A Nantes s’est créée récemment une coopérative funéraire qui met l’humain au cœur des préoccupations. Sous couvert des mêmes services que les autres agences (contrats d’obsèques, transport des corps, cérémonies de funérailles…), cette coopérative propose des opérations moins coûteuses, plus naturelles et soucieuses de l’environnement. Des cercueils sans vernis ou en marbre recyclé et des cérémonies plus personnelles, éloignées des standards et qui possèdent un vrai sens pour les proches des défunts.
De l’engrais humain
Non vous ne rêvez pas. Certains organismes ont déjà fait le pas et militent pour que l’on puisse faire de nos corps sans vie du compost utile à l’environnement. C’est un sujet à débat dans la ville américaine de Washington qui étudie en ce début d’année un projet de loi en ce sens. “Les gens de tout l’État qui m’ont écrit sont très enthousiastes à l’idée de devenir un arbre ou d’avoir une alternative pour eux-mêmes” s’est récemment exprimé un démocrate. Cette méthode 100% naturelle est très simple. Il s’agit de laisser le corps du défunt non embaumé dans une chambre de compostage sur un lit organique fait de bois ou d’une autre matière biodégradable. Grâce à un processus d’aération, la décomposition peut aujourd’hui se faire extrêmement rapidement et ne laisser qu’un mètre cube de compost exploitable après un petit mois d’attente.
En attendant de tous redevenir poussières, d’autres solutions font également leur apparition depuis quelques temps dans ce marché en pleine effervescence. C’est le cas par exemple de la promession qui consiste à placer les corps dans de l’azote liquide afin de les réduire en particules minuscules puis d’enlever tous les métaux grâce à un aimant. Les cendres restantes peuvent ensuite être déposées où la famille le souhaite. Une technique révolutionnaire rendue possible grâce à la composition de notre organisme, fait à 70% d’eau.