L’impact du numérique sur le réchauffement climatique n’est pas contestable. Nous émettons encore trop de gaz à effet de serre, même si, individuellement ou collectivement, nous faisons des efforts pour limiter notre impact environnemental. Une nouvelle étude incite les entreprises du secteur numérique à augmenter leurs efforts pour réduire l’empreinte carbone des nouvelles technologies.
Le secteur du numérique en cause dans le réchauffement climatique
Une étude fournie par la Royal Society of London (équivalent britannique de notre Académie des Sciences) démontre que l’impact du secteur numérique sur le climat est réel et tend à se développer en même temps que les nouvelles technologies. Selon elle, le secteur numérique émettrait jusqu’à près de 6 % des GES mondiaux.
Ce poids environnemental du numérique ne va pas aller en diminuant. Le nombre d’utilisateurs d’Internet est en constante augmentation. De 4 milliards en 2018, il passerait à plus de 5,3 milliards d’ici 2 ou 3 ans. Cette croissance entraîne une multiplication des infrastructures et des matériels :
- câble et fibre,
- data centers,
- routeurs,
- ordinateurs, etc.
Et c’est sans compter l’électricité nécessaire pour faire fonctionner ce secteur. A eux seuls, les data centers utiliseraient près de 1 % de l’électricité mondiale.
Les préconisations de la Royal Society pour réduire l’empreinte carbone du numérique
Bien sûr, nous avons un rôle à jouer, individuellement, pour diminuer l’empreinte carbone de nos usages numériques :
Le simple fait de garder au moins 4 ans (plutôt que 2 en moyenne) nos appareils électroniques :
- ordinateurs,
- tablettes,
- smartphones,
- téléviseurs, etc.,
permettrait de diminuer de moitié leur empreinte carbone. Un autre moyen d’avoir un usage des outils numériques plus durable serait de limiter le streaming, l’un des usages numériques les plus émetteurs de GES. Visionner les émissions streamées en format standard plutôt qu’en ultra HD pourrait diviser par 8 l’empreinte carbone d’une heure de streaming.
La Royal Society vise surtout les entreprises du secteur du numérique qu’elle incite à montrer l’exemple. Les plus grandes font déjà des efforts (Apple, Google, Microsoft) pour limiter leur empreinte environnementale. Le point d’achoppement reste la question des data centers. La quantité d’informations traitées a été multipliée par 5 depuis 2010. Heureusement, l’adoption du cloud computing par les entreprises a rationnalisé l’usage des data centers, aboutissant à une légère baisse de la consommation d’énergie.
L’intelligence artificielle contribue aussi à améliorer l’impact environnemental des data centers. Deepmind a par exemple développé pour Google un système pour gérer la température de ses centres de données. Résultat : 40 % d’énergie en moins pour refroidir les bâtiments.
Des efforts à accentuer pour réduire l’empreinte carbone du numérique
Cependant, ces efforts sont insuffisants. Les entreprises du secteur numérique doivent se montrer plus responsables, notamment à travers une totale transparence sur leurs consommations énergétiques. Seule une collecte stricte de ces données permettra d’évaluer les efforts réalisés et, partant, de les amplifier.
La Royal Society incite les États à mettre en œuvre des politiques plus exigeantes envers les entreprises technologiques. Des outils commencent d’ailleurs à être créés pour leur permettre d’estimer les consommations d’énergie et les émissions de CO2.
L’institut londonien considère que l’effort porté par les entreprises numériques participerait pour un tiers à l’objectif 2030 de réduction des émissions de GES du Royaume-Uni. L’intelligence artificielle pourrait y contribuer à hauteur de 4 % grâce à l’association de l’apprentissage machine et du jumelage numérique, qui pourraient déboucher sur :
- des tâches optimisées dans les entreprises industrielles,
- des cultures agricoles plus rentables avec moins d’énergie,
- des villes moins congestionnées, etc.
Toutes ces évolutions ne pourront qu’être accélérées avec le soutien financier des gouvernements.
Source : https://royalsociety.org/topics-policy/projects/digital-technology-and-the-planet/